18h Tirage de mots :
tapis portable guillotine
Jean bernard de la
trofière avait été jugé et condamné par le tribunal populaire
pour le crime d’être né noble. Sa faute avait été reconnue et
son appel rejeté. Son cou serait tranché, bientôt, à l’aube.
Quel jour ? Il
ne le saurait qu’au dernier moment. Dans son cachot humide, jean
bernard attendait, regardant les jours passer lentement et les nuits
s’éterniser. Derrière la lourde porte, les gardes se moquaient et
lui promettaient une diminution de taille prompte et efficace, sans
douleur aucune ou presque. Lui prit l’habitude de leur répondre
que cela importait peu, mais que l’absence de confort était le
pire des manques de respect pour un condamné à mort. Quelle honte
pour la république que de trancher ainsi un cou alors que l’on a
fait subir tant de désagréments différents auparavant.
Les gardes rirent de
lui, mais pas le prêtre convoqué pour les derniers sacrements. Il
écouta longtemps Jean Bernard se plaindre de ce que sa condition de
noble était ainsi méprisée. Il demanda qu’on lui fournisse de
bonnes doublures de pantalons pour que ses genoux ne s’abîment
point. On les lui refusa. Il fit alors déposer plainte auprès du
procureur général qui reconnut que cela ferait mauvais effet auprès
de tous les pays du monde de ne pas accéder à cette dernière
requête.
Seulement les
pantalons étaient mal vus en cette époque de sans culotte. On
demanda donc s’il ne préférait pas un autre procédé tout aussi
agréable à ses genoux.
C’est ainsi qu’il
se fit livrer un beau tapis persan de deux mètres de long sur un de
large. Ce tapis aux dessins colorés ; arabesques et fleurs lui
venait d’un ami connu par-delà la méditerranée. Il lui avait
offert en remerciement d’une aide inespérée un jour de grand
danger.
Jean robert
remercia pour le tapis et en prit grand soin. Il ne l’étala pas
dans sa cellule sale. Au contraire, il le roula et le garda bien
roit, le plus propre possible. Les gardes se moquaient de lui lui
disant qu’il ferait mieux de profiter de chaque instant plutôt que
d’attendre le dernier moment. Lui rétorquait qu’ils ne savaient
pas de quoi ils causaient, qu’ils étaient bien trop rûstres pour
comprendre l’importance de ce dernier moment.
Arriva le matin
final, celui ou jean robert devait être tranché. Il s’avança
lentement jusqu’à l’échafaud, son tapis sous le bras. Les
gardes se moquèrent au début et puis se turent devant le calme et
le courage que jean robert affichait. Il déroula le tapis sur le
banc de la guillotine et s’assit dessus. Le tapis s’éleva sous
les regards ébahis et jean robert s’enfuit. C’était un tapis
volant que jean robert avait reçu en cadeau. Depuis, plus jamais on
ne laissa qui que ce soit apporter un objet pour son exécution, même
pas un téléphone portable, comme quoi l’histoire avait marqué
longtemps.
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