Tirage de mots :
faire hippodrome grassouillet.
Comment faire quand
on est un ane gourmand pour participer à la grande course de steeple
chase ? Quelle tristesse de ne pouvoir la faire.
Tout commença l’année dernière lorsque je fus conduit pour un referrage de mes sabots avants. Nous étions tous, anes et chevaux, alignés devant le maréchal ferrand qui nous ressemelait de fer les pattes. À mon côté, idéal du gazon se pavanait fièrement, évoquant ses victoires à répétition. Je lui aurais bien mis un coup de sabot pour lui apprendre à vivre, mais il aurait fallu que nous ne fussions pas alignés.
De retour dans mon
pré, j’en causais avec les vaches du champ voisin qui me
confirmèrent avoir vu ces beaux racés supérieurs courir de leur
noble allure, plus vite que le vent. Non, je ne ressentis aucun
jalousie, voyons, mais de cet instant naquit mon envie de courir
aussi et de devenir le centre de l’attention de tous les visiteurs
des hippodromes de France et d’ailleurs. Je ne me faisais pas
d’illusion pour autant.
D’avoir toujours
profité de la vie sans jamais m’adonner au sport n’était pas
une bonne disposition. Alors, vaillamment, je me refis l’intégrale
des rocky, donnant un coup de sabot à chaque coup de poing et ruant
violemment quand il tombait à terre. Je pris alors l’habitude de
courir le long de mon pré, appelant un cheval voisin pour
m’accompagner. Lui n’avait rien d’un champion, mais il avait
l’expérience des anciens et me poussait à me dépasser autant
qu’apollo creed. Il me fit remarquer que si mon cœur était fort
et mon corps gagnait chaque jour en puissance, il me manquait les
techniques qui me permettraient de vaincre les meilleurs.
Nous regardâmes
alors l’intégrale de karaté kid et il dut me retenir pour que je
ne grimpe pas en haut d’un des poteaux du pré pour tenter de
chopper une mouette. Je savais maintenant sauter de côté, regimber
et même faire la double ruade qui pouvait satelliser le plus
récalcitrant des chevaucheurs importuns. Voilà. J’étais prêt !
Ne restait plus qu’à trouver un jockey et me faire engager par un
entraineur qui saurait voir tout mon potentiel. Vous vous en doutez,
rien n’aurait pu arriver sans la chance ou le destin, ce moment
incroyable et inespéré : le passage d’un professionnel des
courses hippiques le long de mon champ.
Sa voiture cala !
Il sortit et mit le nez dans son moteur. Moi, au début, je ‘navais
rien remarqué. C’est mon voisin cheval qui vient me dire :
c’est un jockey ! C’est un jockey ! Comment pouvait-il
savoir ça ? Peut-être à sa casquette… Qu’importe !
Je partis à toute vitesse pour lui montrer comme j’étais le plus
rapide !
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